Le festival international : enfin, le bilan

Voilà, c’est fait.

Le festival international du point de croix, marotte de notre Val, vient d’avoir lieu.

Un franc succès, cette première édition, selon les organisateurs. Deux jours d’expositions et de conférences, 25 exposants de toute la France, un peu de soleil pour les photos officielles… On lâche des chiffres : 500, 600 et même 700 visiteurs venus de France et de Navarre ! Tous ces passionnés du point de croix qui se bousculent dans notre salle des fêtes, quelle joie, quel honneur ! Val exulte.

Niveau communication, consciente de l’ampleur de l’événement notre chef du village avait mis le paquet : « il faut que tout soit vraiment pro », nous a-t-elle assuré. J’ai tout d’abord eu l’honneur de réaliser le site dédié et les affiches. Je me suis beaucoup appliquée. Après Val m’a demandé de créer une page FaceBook au nom de la commune pour relayer l’événement. Là, j’ai pouffé, et je lui ai conseillé de se rapprocher de monsieur Malchance qui, lui, fait ça très bien. Elle n’a pas ri, elle ne m’a plus rien demandé. A l’approche de la date fatidique, pour rester dans le « pro » je me suis tout de même proposée d’accorder toute la signalétique du festival aux affiches, l’identité visuelle et tout ça c’est mon dada. Mais tout était déjà prévu : « j’ai acheté des plaques en plastique et des feutres indélébiles »… Je ne voyais pas les choses comme ça. Bof, j’en fais toujours trop sans doute. Rien n’a été oublié : le parking (à l’écart de la manifestation pour éviter les embouteillages à proximité du site), l’entrée, les salles d’exposition (deux salles !), la buvette, les WC, chaque lieu a revêtu sa belle pancarte… Cerise sur le gâteau, Val (qui décidément ne peut compter que sur elle-même) a réalisé de sa main, à l’aide d’une règle et d’un compas, un joli plan du cœur de village qu’elle a annoté et photocopié à l’usage des visiteurs.

Pour le bilan, comme chiffre officiel, on a gardé « plus de 700 ». La personne en charge du comptage était l’un des exposants, il était un peu occupé. A un moment il s’est retourné pour regarder autour de lui, il y avait bien 20 personnes, a-t-il expliqué, « oui, il y avait du monde c’est sûr ». Bon. « Et parmi la foule, combien de nos chers administrés ? » ai-je demandé, curieuse ? « Deux familles », s’étrangle Val. Dory, qui a toujours une théorie dans sa manche avance une explication : « Toute façon, la culture en milieu rural… ». Ça m’a laissée songeuse.

Moi je l’ai ratée, la manifestation de l’année. Ma passion pour la natation synchronisée m’a retenue ailleurs. J’avais répet’.

La fois où j’ai craqué

J’ai une confidence à vous faire.

Ce blog ne doit pas son existence qu’à mon investissement dans ma mission et ma quête de savoir (attention, je ne remets rien de ces motivations en question, hein ?).

L’idée m’est venue après avoir vécu une situation surréaliste qui m’a profondément déstabilisée.

Les élections avaient eu lieu depuis peu, tout le monde prenait ses marques. Je fais partie de la commission communication donc je prends mon rôle très à cœur, et je lâche, radieuse, après un conseil « ce serait bien que j’aie les codes d’accès à la page dédiée à notre superbe commune sur le plus célèbre des réseaux sociaux ! » Val et Dory ouvre de grands yeux vides, je comprends assez vite que la barrière de la langue vient d’opérer. Néanmoins elles percutent en quelques secondes qu’à leur insu, une page portant le nom de notre commune est active sur FaceBook. Qui ? Qui est à l’origine de cette mascarade ? Bien sûr, je suis mandatée pour répondre à cette question, je n’avais qu’à pas soulever un tel lièvre. J’enquête, je trouve, et pas de chance il s’agit d’une charmante personne membre de l’unique association du village.

Puis les choses m’ont un peu échappé :

Monsieur Malchance a reçu une convocation, à laquelle il a répondu qu’il n’était pas dispo. La municipalité, avec plus de fermeté, a exprimé son mécontentement d’avoir eu connaissance de ladite page, en jetant, n’ayons pas peur des mots, le terme « d’usurpation d’identité ». Monsieur Malchance, bien décidé à avoir le dernier mot, a accusé notre chère Val de gaspiller l’argent de la mairie en procès inutile à l’encontre des citoyens (bon, il était énervé). Là, au sommet de la tension nerveuse, Val décide de réunir le conseil municipal afin de résoudre ce qui était devenu « l’affaire Malchance ».

– (Val) Je pense qu’il faut porter plainte. Si on ne le fait pas au nom de la mairie, je déposerai une main courante en mon nom. Ça peut aller loin : on peut lui faire vendre sa baraque. (Victor acquiesce)
– (Dory) On va le convoquer, maintenant il faut qu’il s’explique c’est grave ce qu’il a fait, c’est très grave !
– (Victor) Il faut rédiger un courrier plus ferme, lui exposant les risques qu’il encourt en terme pénal…

A ce moment-là, j’ai réalisé que tous ces gens, autour de la table, prenaient sur leur temps de vie pour discuter, l’air grave, d’un tout petit détail insignifiant. Je me suis rappelée qu’on parlait juste d’une page qui avait recueilli 30 « J’aime » et dont si peu de personne se souciait que c’en aurait presque été risible. J’observe leurs postures, leurs têtes qui opinent, je ne comprends plus personne, soudain.

– (M-J, au bord de l’explosion) Sinon, rappelons-nous qu’on ne parle que d’une page FaceBook, après tout, et que ce monsieur n’a rien fait d’illégal en voulant faire vivre son village ! Je suggère qu’on lui écrive plutôt un courrier le remerciant de son investissement, en lui précisant que nous souhaiterions que la gestion d’une telle page nous revienne, fin de l’histoire.

Un silence a d’abord accueilli cette tentative de désamorçage, mais Dory s’est vite ressaisie : « c’est grave, tu ne te rends pas compte M.-J. Il fait exprès de semer la confusion chez les villageois, il est malveillant, je le sais. On ne peut pas le laisser faire. »

Là, je ne peux pas expliquer ce qui m’est arrivé. J’ai baissé la tête, j’ai senti une nausée et des larmes d’impuissance monter (je sais, je prends tout à cœur) jusqu’au moment où Sylviane, apercevant mon trouble pose la question de trop « mais pourquoi ça te touche autant, M.J. ? » Explosion. J’ai eu l’impression de me retrouver enfant, désarmée et incapable de m’exprimer distinctement. Je suis sortie en m’excusant, honteuse de me donner ainsi en spectacle. Mes jambes m’ont lâchées, le souffle m’a manqué : crise de tétanie et spasmophilie. Rien que ça. Pour un détail insignifiant, j’avais bien conscience d’être dans l’excès total de réaction.

Après en être arrivée à ce stade, j’ai d’abord pensé que ce n’était pas pour moi, ce genre de responsabilités. Que j’allais probablement finir par mourir si je restais.

Concernant monsieur Malchance, il a fini par se présenter devant le bureau pour répondre de ses actes. Quand Bernard a fait le compte rendu de l’entrevue on l’entendait jubiler en disant «  il n’a pas fait le malin, il s’est excusé platement et a dit qu’il ne le ferait plus, tête basse »… La nausée m’est revenue mais j’ai récité mentalement des tables de multiplication, ça aide.

Je suis restée à deux conditions : donner mon avis, toujours, et écrire. C’est ma thérapie.

[Crédit photo de couverture: etaletaculture.fr] 

Qui est contre ? Qui s’abstient ?

C’est à la tombée de la nuit certains vendredis, à vingt heures trente tapantes, que conseillers, adjoints et maire quittent leurs confortables chaumières afin d’accomplir leur devoir d’élu.

La convocation préalablement reçue nous permet de préparer -ou non- ces rencontres, et les nombreuses délibérations à l’ordre du jour sont égrainées une à une par Val.

Il y a des nuits où l’ordre du jour est très dense. Concentrons-nous.

– Val : L’eau et l’assainissement, on augmente ?

Michèle : Pensons au contribuable : vu l’augmentation de l’an dernier, c’est peut-être pas utile, si ?

C’est alors que retentit la voix hypnotique de Victor : « une augmentation faible mais constante est nécessaire afin de prévenir les éventuels frais d’investissement qui pourraient survenir lors d’on ne sait quelle faiblesse technique de l’équipement… »

Et flûte, c’est là que j’ai décroché, parce que j’entends soudain Val :

– qui est contre ? Qui s’abstient ?..

Aïe ! Je crois que j’ai malencontreusement voté pour l’augmentation du prix de l’eau. Comme tout le monde visiblement. Tant pis.

Je me ressaisis. Sujet suivant : tarifs de la cantine et de la garderie.

– Val : Le prestataire n’a pas augmenté ses tarifs, mais bon, il pourrait bien le faire un jour.

– M.J. : En même temps, il faudrait laisser aux parents (dont je fais partie, disons-le) le temps de se remettre de la nouvelle grille tarifaire revue l’an dernier, c’est douloureux quand on a une poignée d’enfants scolarisés.

– Victor (qui reprend sa voix de stentor) : Il me semble qu’il faut habituer les usagers à une augmentation faible mais constante qui permet une anticipation des éventuelles variations de tarifications du prestataire…

Mais je reste concentrée. Val annonce : « qui est contre ? » Je lève le bras d’un geste ample, exprimant mon désaccord avec fermeté, m’attendant à un mouvement d’ensemble. Bon au final, on est 2, et une abstention.

Dernier sujet et on va se coucher : Taux de la taxe d’aménagement. Celui-là, on l’a déjà eu l’an dernier. On a voté, comme le préconisait Val, une exonération pour les abris de jardin de moins de 20m2. La délib est revenue refusée : on exonère tout ou rien. Cette fois Val est animée. Elle pense qu’il est juste d’exonérer de cette taxe toutes les constructions de jardin quelle que soit leur taille. Elle est sensible et altruiste, Val. Victor tente une intervention, « il serait peut-être sage de pratiquer un taux réduit, c’est tout de même un revenu pour les communes, est-il judicieux d’y renoncer ?.. » Val l’écoute à peine, se détourne, enchaîne : Bon, on soumet au vote ? Des votes contre ? Des abstentions ? » Non. C’est voté. Bravo.

Voilà, c’est comme ça que ça se passe. En rentrant je suis passée devant la maisonnette de notre Val. J’ai pensé que tout de même, ça tombe bien : son joli petit chalet de 19,8m2 qu’elle a construit l’an dernier, pour lequel elle n’a pas encore eu le temps de faire sa déclaration (en plein festival, il faut faire des choix), il ne sera pas taxé au final, tiens. C’est une chance.

Oh le beau tracteur !

Aujourd’hui, traversant notre bucolique commune, j’ai aperçu le beau et gros tracteur municipal. Il est beau, le tracteur. Grand, puissant, rutilant et même pourvu d’un gps dernière génération et de la clim.

Et il a une histoire. C’était il y a un an et demi. Val nous annonce par une belle soirée d’été au cours d’un conseil municipal que le bon vieux tracteur vert n’a plus de freins. C’est super dangereux un tracteur sans freins donc il y a urgence : rachetons un nouvel engin. Dans la foulée nous apprenons qu’un joli tracteur couleur azur ne coûte que 40.000 €, avec devis à l’appui, alors que les autres, c’est plus cher (pas de devis, les autres).

Débat :
– Sylviane : Chère Val, n’avions-nous pas convenu que le conseil mettrait tout en œuvre pour ne pas engager de frais trop lourds ? Cet achat me paraît démesuré…
– Val : Meuh non, En plus on aura une subvention d’au moins la moitié au titre de la réserve parlementaire, notre bon et généreux député me l’a promis.
– MJ : Et sinon, réparer les freins ça coûte cher ?
– Val : Tu n’y penses pas, je refuse de mettre en danger les employés municipaux avec du matériel vétuste…
– Marc : Vétuste, vétuste… Vu le peu de kilomètres qu’il parcourt par an il a encore de beaux jours devant lui ! Les freins, ça coûterait au grand max 4000€…
– Val : Mais en plus ya des trucs, ya pas que les freins, ils ont dit ça coule par endroits bref c’est mort, et puis c’est trop dangereux !
– Mélanie : Au fait, c’est pas 3 devis qu’il nous faut pour prendre une décision ?
– Val : Heu… Pas obligé, mais on peu faire 3 devis si vous voulez. Dans ce cas, on ne vote pas aujourd’hui, on attend les devis et on se revoit sous quinzaine pour le vote final, comme ça on pourra le noter dans le compte-rendu de conseil. Tout le monde est d’accord ?
– (tous) : OUI !

Épilogue :

Quinze jours plus tard, au lieu d’une convocation, d’un appel à voter, d’un signe… nous avons reçu le fameux compte-rendu. C’est ainsi que nous avons appris que nous avions voté l’acquisition d’un tracteur azur rutilant à l’unanimité.

La subvention tant attendue est arrivée, elle, neuf mois plus tard après s’être perdue en chemin, et ne représentait plus que 20% du montant total. On ne va pas chipoter.

Le vieux et méchant tracteur vert a été bradé, il était trop dangereux de toute façon.

Et deux membres de notre sympathique conseil ont pris leurs jambes à leur cou. On ne les a jamais revus.

Quel dommage, ni neige ni verglas cet hiver, on n’a même pas pu le voir à l’œuvre, le gros engin qui fait pâlir d’envie toutes les communes environnantes !

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La mystérieuse obsession de Val

Allez, un petit billet d’humeur, mais pas de mauvaise humeur. Juste d’humeur à décrypter mon prochain.

Aujourd’hui, mon prochain c’est Val, la très volontaire maire de notre commune. Je viens de réaliser que Val nourrissait une obsession. Je vous raconte, chronologiquement :

Avril 2014, panique dans toute la France, on nous annonce une réforme des rythmes scolaires et personne ne sait comment on va pouvoir faire face. Val organise une réunion publique pour parler du problème, car elle est empathique vis à vis de tous ces parents dans la détresse. Elle propose, entre autres aménagements, de rallonger la pause méridienne de trente minutes, passant celle-ci d’une heure trente à deux heures. Proposition rejetée, « non » disent les parents « deux heures pour manger c’est refusé ».

Mai 2014, la solution miracle n’a pas été trouvée, Val lance une consultation : souhaitez-vous rallonger la pause méridienne de trente minutes, afin de terminer la classe à 16h15 au lieu de 15h45 ? Réponse : non, à une voie près selon l’organisatrice (nous on ne sait pas vraiment, les bulletins ont disparu).

Décembre 2015, Val arrive en commission école échevelée et nous apprend que, d’urgence, il faut résoudre le problème de la cantine, qui est beaucoup, beaucoup trop bruyante. Elle propose de rallonger la pause méridienne de trente minutes dès le mois de janvier, ce qui permettrait de mettre en place deux services. Pas bonne idée, osent les membres de la commission présents (des délégués de parents d’élèves, des enseignants, en plus des élus). Il serait en effet souhaitable de traiter les causes du désagrément en premier lieu, cela serait moins coûteux à long terme que de payer une demi-heure supplémentaire au personnel concerné. Pas bonne idée, répond également la majorité des parents d’élèves informés, qui paniquent au passage devant tant de précipitation. Ok, on réfléchit.

4 janvier 2016, Val rassemble l’équipe enseignante pour lui proposer de rallonger la pause méridienne de trente minutes. Les enseignantes répliquent alors que cet aménagement va à l’encontre du rythme de l’enfant, le temps de pause est trop long et une heure d’attente, que ce soit avant ou après le repas, serait contre productif pour les élèves. Val comprend, dit-elle, elle reverra sa copie et optera peut-être pour un quart d’heure seulement, ou alors rien. On se rappelle.

5 janvier 2016, Val convoque cette fois le personnel de cantine et explique que très bientôt, pour le bien des enfants, la pause méridienne sera rallongée de trente minute, permettant ainsi l’organisation d’un deuxième service. Mais madame le maire, se voit-elle opposer, comment pourrions-nous à la fois gérer des enfants à table et des enfants en standby dans la garderie ? Val n’a pas trouvé la réponse. Elle a dit « on mettra un film » mais elle a bien vu que ça n’était pas la bonne réponse. « Je vous tiens au courant ».

Février 2016, dernière commission école dédiée aux rythmes scolaires, Val nous informe que le bureau a décidé qu’il était inévitable de rallonger la pause méridienne de 30 minute, en vue de réaliser deux services. Là elle n’a eu aucune objection, plus personne n’en avait dans son sac.

Tiens, justement, le thème de la prochaine commission école c’est « organisation du temps scolaire et périscolaire ». Qu’est ce que ça peut bien être ?

Bref, en rapprochant tous ces faits j’en suis sûre à présent, il s’agit là d’une idée obsessionnelle.

Pourquoi ? Où veut-elle en venir ? Qu’est ce qu’elle essaie de nous dire ?

Je dois bien dire que quelque chose m’échappe dans cette affaire. Je vous tiens au courant.

Et vous, vous avez une idée ? Laissez-moi vos commentaires, et puis abonnez-vous pour recevoir les prochains articles !

Ça décape

Dans notre village fleuri, nous sommes tous unis et avançons dons une même direction. Mais il arrive, rarement, que chacun se rassure, que nous rencontrions quelques points de désaccord.

En pareil cas, la municipalité sort de sa manche un outil exceptionnel : le bureau ! C’est le concentré du conseil, juste maire et adjoints.

Illustrons son efficacité avec un exemple d’actualité : les TAP. Ce projet passionnant a autant rassemblé que divisé durant huit commissions, suivies de nombreuses heures de recherches harassantes, de prises de contact, de rédaction pour tous les membres de la commission, élargie aux huit parents d’élèves délégués et aux quatre enseignants. Et toujours le même point de désaccord, de réunion en réunion : la demi-journée adéquate pour la mise en place de ces activités. Et bien bonne nouvelle : le sujet est clos. Lors de la dernière commission, en effet, nous avons été informés que suite au blocage auquel nous étions confrontés, le bureau s’était réuni et avait conclu la chose suivante : pas de TAP. Fin.

Voilà un déblocage de situation en bonne et due forme. Le bureau est une entité admirable : un doute sur une décision à prendre ? Pas le temps pour une commission ? Un dossier oublié sous la pile ? Le bureau prend les choses en main, nettoie les taches les plus tenaces et nous livre, en conseil municipal, un dossier prémâché tout propre et sans bavure qui n’a plus qu’à être soumis au vote (ah oui, ça on est obligé…).

D’ailleurs, moi qui pensais innocemment qu’il n’y avait point d’activité communale en ce moment, j’ai mésestimé le dynamisme du bureau. Les dossiers en cours ont tous été traités, les uns après l’autre : fleurir le village, racheter ou non des bâtiments, et même préparer le budget… Plus de commissions inutiles, plus de temps perdu (rappelons nous que nous sommes en plein festival).

Le bon côté c’est que tout cela laisse plus de place à la surprise et à l’inattendu. J’adore les surprises, vivement le prochain conseil !

 

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Mais qui sont-ils ? Portraits…

Dans notre équipe municipale, il y a, comme partout, un maire, des adjoints, des conseillers. Mais si l’alchimie fonctionne ou ne fonctionne pas, c’est parce que cette équipe est composée d’humains. Parfois un humain c’est compliqué. Mais alors plusieurs…

Val, chef du village, est un personnage complexe : consciencieuse, appliquée, économe et efficace, elle ne compte pas ses heures quand il s’agit de remplir ses missions de maire. Sa passion (qui n’est pas vraiment le point de croix, je l’avoue) prend la deuxième moitié de son temps, et elle n’hésite pas à juxtaposer tout ça, par exemple en se lançant dans le festival qui l’amine ces temps-ci. Sa seule frayeur : que quelqu’un prenne sa place… À son contact on a même souvent l’impression que TOUT LE MONDE veut prendre sa place, et je me mets à sa place, ça fait hyper peur, ça.

Dory, première adjointe, est une rafraîchissante jeune retraitée. Elle est spontanée, pleine de bonne volonté et même si elle ne sait pas elle veut bien apprendre. Avec de l’humour, du second degré et une franchise parfois désarçonnante, elle met très facilement les pieds dans le plat.

J-R, deuxième adjoint ex æquo (oui, ça se passe comme ça chez nous, quand on ne peut pas trancher, « tout le monde a gagné ») est agriculteur. Comme pour lui c’est le dernier qui a parlé qui a raison (surtout quand c’est Val), il a le bon goût de n’être jamais dans les polémiques.

Bernard, l’autre deuxième adjoint ex æquo, a un goût prononcé pour l’ordre, la discipline et le pouvoir. Je me demande si le poste de président de la république, il n’y pense pas parfois en se rasant.

Marine, troisième ou quatrième adjointe, on ne sait plus vraiment, est une personne relativement transparente qui s’illustre uniquement quand Val a parlé, par son enthousiasme et sa foi sans faille.

Rolande est l’épouse d’un agriculteur retraité. C’est notre doyenne, elle est comme une gentille mamie pour les plus jeunes du conseil. D’ailleurs elle veille un peu sur tout le monde dans le village, et a toujours un petit potin croustillant à nous servir.

Michèle a rejoint l’équipe car son défunt mari a longtemps été élu sur la commune. Elle a souhaité s’investir à son tour. Mais sa vie personnelle accapare beaucoup son attention, elle ne prend la parole que lorsqu’un détail de couleur ou forme la sort de ses réflexions.

Pat, le benjamin de l’équipe, est cadre de sa société, et communique nuit et jour avec ses équipes. En off, il a des tas d’idées. En conseil et en commission, ses équipes ne le lâchant pas on n’a pas encore pu profiter de ses tas d’idées entre les appels et les sms.

Marc est chauffeur-livreur. Son truc c’est de détendre l’atmosphère pendant les réunions. Il en faut un dans une équipe, c’est lui.

Sylviane, secrétaire, est investie, toujours attentive, et c’est elle qui avait totalisé le plus de voies lors des élections. Je sais, ça n’a pas beaucoup d’importance mais c’est pour moi l’une de ses caractéristiques. Elle fait partie des plus fidèles disciples de notre Val.

Victor est avocat. Déformation professionnelle oblige, il ne s’attache qu’aux faits, les émotions et les personnalités de chacun lui échappent totalement voire l’exaspèrent, et il parle comme dans un livre. J’adore ses interventions, l’attention qu’il suscite me rappelle l’heure du conte à la bibliothèque. Et on est tous forcément d’accord avec lui.

Et enfin moi, M-J. Chargée de communication dans la vraie vie, je suis arrivée là sans savoir vraiment pourquoi. Je déteste quand je ne comprends pas quelque chose, ce qui me vaut beaucoup d’heures supp, mais à force je commence à savoir de quoi on parle.

Douze profils. Enfin quinze au début dont trois n’ont pas supporté l’épreuve. Il y a ce qu’on voit, ce qu’on croit, et ce qu’on se cache. Il faut composer avec tout ça, et espérer avancer, il faut trouver sa place, se maîtriser, ne pas hurler sur son voisin « non mais pauv’ con ! » (non, il ne faut pas) et calculer. Je crois même que c’est ce que cette expérience m’apprend de plus important : à calculer et à tenir compte de chaque humain qui entoure la table. Pour avancer.

Et comment ça se passe pour vous ? Pour me raconter de votre expérience, c’est ici ou bien laissez-moi un commentaire là, plus bas.

Encore une bonne résolution : en janvier c’est TAP

Une nouvelle année qui débute, quel bonheur de penser à tous ces beaux projets qui vont voir le jour au fil des mois dans un esprit de sérénité et de rassemblement… Bonne année à chacun de vous.

S’il y a bien un sujet qui divise nos communes depuis plus d’un an, c’est celui des TAP.

Les TAP, ce sont des « temps d’activité périscolaire », un tout nouveau concept sorti de terre avec la réforme des rythmes scolaires appliquée depuis septembre 2014. Le principe : on raccourcit les journées de l’écolier, mais on ajoute à son emploi du temps une demi-journée de cours : le mercredi matin ou, sur dérogation le samedi matin. Le temps dégagé en fin de journée permet l’aménagement d’activités variées, ludiques, sportives, et tout ce qu’on veut bien y mettre.

La loi prévoyait à l’origine 45 minutes de TAP par jour, obligatoires et gratuits. Pour faire court, la mesure pose des soucis sur certains territoires en terme de personnel qualifié, de financement, et de mise en pratique des activités (45 minutes, ça passe vite et c’est vite grignoté par les déplacements, les mises en places…). Bref, après bien des débats, la gratuité, le caractère obligatoire et la répartition dans la semaine sont soumis à l’appréciation des communes, qui feront comme elles peuvent.

Dans notre joyeux village, la position de la mairie a été la suivante : pas de TAP, pas de débat. L’école se termine à 15h45, et après c’est garderie.

Mais les parents d’élèves, eux, ont envie de ce qu’il y a de mieux pour leur progéniture, et puisque l’objet de la réforme était, entre autres, de faciliter l’accès à des activités sportives et artistiques à tous les élèves, pourquoi pas nous ?

En 2014, une enquête à l’initiative de ces parents est lancée à l’école, puis soumise à la mairie : il en ressort qu’une majorité des familles est favorable au regroupement des TAP sur une demi-journée, le vendredi après-midi est évoqué. Réponse : trop tard, mes pauvres amis, pas de chance. La date de dépôt des demandes à l’inspection est passée. La prochaine fois.

En 2015, ils remettent ça, plus motivés que jamais. Alors on leur promet d’y penser, une commission école sera programmée en début d’année scolaire pour étudier la question. Mais voilà, ils sont sacrément déterminés ces parents là, et bien renseignés. Pas question de reculer. Un Projet Éducatif se monte progressivement. Mairie, parents et enseignants tombent d’accord sur presque tout : les thématiques, le financement, la durée de chaque activité… Mais pas le jour. Un détail, me direz-vous, mais un détail qui peut faire basculer tout ce bel entrain.

Les enseignants : Le vendredi c’est top, les enfants ne donnent rien de bon en fin de semaine, ils ont besoin de souffler et de passer à des activités qui sollicitent moins leur concentration. (et puis si c’est pas le vendredi on n’anime pas les TAP, voilà) ;

Argument des parents : on s’en f…, on veut des TAP ;

Argument de la Mairie : Le jeudi c’est ce qu’il y a de mieux : plus d’intervenants potentiels disponibles, coupure dans le rythme. Et puis si les enfants sont fatigués le vendredi c’est que leur semaine de travail est mal répartie. (heu, en off : et puis si la semaine des enseignants se termine le vendredi à midi, où va-t-on ?)

Bilan, les débats sont toujours brûlants à ce jour. Une seule chose se dessine avec certitude : la détermination de notre Val, qui a conclu la dernière commission par un « si c’est pas le jeudi, je ne signe pas le projet »…

Et chez vous ? Pour me faire part de votre expérience, c’est ici ou bien laissez-moi un commentaire là, plus bas.

Les gens qui sont pas contents

On peut le dire, voilà un an et demi que je donne le meilleur de moi-même pour remplir au mieux ma mission de conseiller municipal. Avec toujours pour objectif principal de faire plaisir, et à tout le monde…

… Et ça marche pas. Il y a des gens qui ne sont pas contents, je ne comprends pas.

Début de mandat, la fine équipe au complet (avant les tristes départs de mes collègues préférés). Nous suggérons, la pétillante Rose et moi, de faire une chasse aux œufs pour tous les enfants du village. Plutôt positif comme projet. Requête acceptée, flyers lancés et… Premier fiasco. L’association composée des membre de l’opposition féroce avait justement prévu d’en organiser une, drame, cris, « au plagiat ! », etc… Pas contents.

Un jour, alors qu’elle se promenait aux abords de l’école je suppose, notre Val a décidé que la cantine était trop bruyante. La décision de changer les horaires d’école en urgence le mois suivant afin de faire 2 services est prise immédiatement, et annoncée aux parents : pas contents (normal, je dois bien dire)… Donc là rétropédalage, intervention des parents délégués et des enseignants, abandon du projet… Et pas contents quand même. Parce bon, ya quand même un problème, on va le résoudre oui ou non..?

Pour noël, la mairie offre chaque année un spectacle suivi d’un goûter à tous les enfants de la commune. Mais en fin d’année les fêtes d’entreprises sont nombreuses, pas facile de trouver une date consensuelle… Alors cette année il a été décidé de le placer en semaine, sur les horaires d’école : ainsi tous les enfants font le déplacement ensemble et profitent tous de la fête, la belle idée. Alors, contents ? Pas contents : « et nous ? », disent les parents, « on n’est pas invités à la fête ? »…

Tout cela, et une ribambelle d’autres situations, ne démontre-t-il pas que quoi qu’on fasse, il y aura toujours des pas contents ? En plus ce n’est jamais deux fois les mêmes, chacun aurait-il son tour de pas content ? Désespoir. Quelles solutions avons nous ? J’ai noté quelques pistes :

1° Prendre pour acquis le fait que, quoiqu’il arrive, quel que soit le domaine, quelle que soit la décision, ce ne sera jamais la bonne pour une partie des personnes concernées = ON S’EN FOUT

2° Ne rien faire, surtout, de peur de mécontenter une partie de l’électorat potentiel = SI ON BOUGE PAS PERSONNE VERRA QU’ON EST LA

3° Communiquer, débattre, avant, pendant et après. Si ça ne permet pas de convaincre que la décision est la bonne, ça peut toujours être la démonstration que tout le monde a fait de son mieux = ON S’ACTIVE L’ARRIÈRE-TRAIN

4° Offrir des places gratuites pour le Festival International du Point de Croix à qui se sent lésé par les décisions prises par la commune = ACHETONS-LES

A ce stade des réflexions, je ne distingue pas encore quelle voie suivre.

Laissez-moi vos commentaires, livrez-moi vos expériences, vos réflexions ici, plus bas… A très vite !

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Mutation

Que voilà une bien désagréable période… L’hiver approche, le moral descend et voilà qu’il y a du sang, de la mort, de la terreur, de la suspicion et de la laideur un peu partout. Et de la politique aussi. C’est le moment idéal pour lister ce qui est beau et qui sent bon autour de nous. Ça ne sert à rien mais beaucoup de choses vaines font vraiment du bien (lister aussi  les choses vaines qui font du bien à l’occasion).

Et voilà qu’au milieu de cette morosité, j’entends cette phrase « toute façon, bientôt y aura plus de maire ». Ce n’est pas la première fois que j’entends ça, mais là, tout de suite, ça m’a donné envie de vomir. Alors j’ai réfléchi. Pourquoi ça me fait peur, cette phrase, et pourquoi ils disent ça, les gens ?

Concrètement, ça signifie pour notre beau territoire : plus de Val. Plus de festival international du point de croix projets territoriaux enthousiasmants. Plus d’élections. Plus d’opposition féroce. Plus d’écharpe tricolore. Plus de PLU.

Alors j’ai cherché à me rassurer. Qu’est-ce qui peut bien leur faire croire, à ces Cassandre, que c’est la fin d’une époque ? En rassemblant les preuves, j’ai vu qu’il y avait matière à flipper. Oui, j’avais vu que les communautés de communes fleurissaient, s’étendaient, fusionnaient, qu’on parlait mutualisation, que les fonctions des communes diminuaient, comme leurs dotations… J’ai lu çà et là des articles disant tantôt que les maires sont des arriérés incompétents à l’égo surdimensionné qui grèvent le budget de l’état, tantôt que tout part à vau-l’eau ma pauvre dame, une commune sans maire n’est plus une commune, où va la France, et après les mairies nos écoles, c’est la mort des territoires ruraux etc…

Bref, je n’ai rien trouvé de concret, de sûr, de chronométré. Alors j’ai décidé de m’en battre l’œil. J’ai décidé de vivre dans le présent, à l’heure des commissions, des conseils municipaux, des gens pas contents, du clocher qui sonne toutes les heures, et des permanences de bureau de vote. En même temps, je n’ai jamais envisagé de faire carrière en tant que conseillère, niveau promotion sociale c’est trop limité. Et je salue chaleureusement tous ceux qui sont conseillers, adjoints, maires et qui ont pour seule ambition de faire de leur mieux.

Bisous à tous.