Pas de malaise…

 Malaise : N.M. Sensation pénible, mal localisée, d’un trouble physiologique. Brusque défaillance des forces physiques pouvant aller jusqu’à l’évanouissement. État, sentiment de trouble, de gêne, d’inquiétude, de tension.

Larousse

Notre dynamique mairie est aussi employeur. Elle emploie pas moins de sept personnes, tous postes confondus.

Nous avons d’abord deux agents techniques. Ils entretiennent nos bâtiments et nos espaces verts depuis de nombreuses années. L’un d’eux est malheureusement en arrêt : dépression. Des soucis perso, explique vaguement Val. Par discrétion, personne ne pose de questions.

Il y a le personnel de cantine et de garderie. Elles sont étaient quatre, pour encadrer nos bruyants marmots, assurer leur sécurité et la propreté des locaux, essuyer des nez qui coulent, et autres réjouissances de la petite enfance. En fait il n’en reste qu’une. Deux d’entre elles sont en arrêt de longue durée pour des troubles musculo-squelettiques, à ce qu’on raconte c’est assez courant. Et assez handicapant. J’ai d’ailleurs croisé l’une d’elles qui marche à grand peine parce que les opérations n’ont pas suffi. La deuxième attend qu’un médecin se prononce sur sa capacité à reprendre son poste. La troisième démissionne, officiellement parce qu’elle déménage (à 10 kilomètre de chez nous). Et la quatrième souffre d’une sciatique : c’est notre Atsem, elle tient bon pour le moment mais compte les jours jusqu’aux vacances.

Enfin il y a notre secrétaire de mairie. Elle a toutes les qualités : pro, efficace, ordonnée, sympathique, compréhensive… Mais elle s’en va. Après 30 ans de bons et loyaux services elle prend sa retraite anticipée.

Deux postes rescapés sur sept, voilà qui donne beaucoup de soucis à notre vaillante Val : des arrêts de travail renouvelés, des contrats de remplacement, des entretiens d’embauche… Elle recrute à tour de bras, toujours en local, et uniquement des personnes qu’elle connaît : elle le dit très bien, on ne sait pas sur qui on peut tomber en diffusant une annonce. Et elle peine. « Les gens ne veulent pas bosser, entre ceux qui se font arrêter et ceux qui refusent des tâches de leur contrat, on ne s’en sort pas ». Elle a sûrement raison.

Un jour l’un de nos administrés a lancé, en parlant de la commune en général, « il y a un malaise ». Val l’a trouvé méchant.

Mais étrangement, je me sens moi-même un peu mal à l’aise là dessus : au final ces sept personnes employées par notre douce commune sont nos collègues, elles sont là comme nous au nom du service public alors que certaines d’entre elles ne nous connaissent même pas. Qu’aucun d’entre nous, conseillers, n’a jamais vraiment pris de nouvelles de ceux qui sont absents, pas de fleurs, pas de mots d’encouragement. Que le mot « prévention » n’a jamais été prononcé. Que les personnes qui quittent volontairement leur poste n’ont pas été retenues.

Je n’en parle pas à Val, mais je dois être moi aussi une bien méchante personne : je me dis souvent « il y a un malaise ».

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